On se bouge pour la biodiversité : tritons et salamandres

On se bouge pour la biodiversité : tritons et salamandres


La salamandre tachetée d'Auvergne. Artiste : Laure Guymont
La salamandre tachetée d'Auvergne

A chacun sa contribution, si petite soit-elle, ce qui craint c’est de ne rien faire. Alors nous voilà repartis, sur les chemins forestiers d’Auvergne, en quête de mares à amphibiens.
Car voyez-vous, depuis toujours les salamandres, les tritons, crapauds, grenouilles et amphibiens chers à nos cœurs (bah si, nous on les aime), se reproduisent dans les mares éphémères que crée la fonte des neiges au printemps.

Et c’est là que le bât blesse, car voyez-vous, les amateurs de routes bien droites, bien balisées, les aficionados de moto-cross et autres quads, détruisent et piétinent sans vergogne ces habitats raréfiés, coulant par le fond des populations entières d’amphibiens, à présent en voie de disparition…
Nous avions repéré plusieurs de ces mares, dont l’une entièrement habitée par des tritons alpestres, une seconde en colloc mi-crapauds mi-grenouilles et quelques spécimens de têtards de salamandres dans la dernière. Seulement voilà, tout ce beau monde nichant en plein milieu d’un chemin carrossable, nous constations avec horreur l’apparition de traces profondes de pneus divers et meurtriers.
Devant l’impossibilité de dévier le court d’eau alimentant les mares, puisque quel que soit son tracé, celui-ci traverserait fatalement le chemin, nous ne ferions que déplacer le problème.
Nous avons donc décidé de ménager des caches où les têtards pourraient se réfugier, et d’ériger un muret à l’endroit le plus critique : celui que les salamandres avaient élu pour leur progéniture.
Les travaux avaient été accomplis cet été et il ne restait plus qu’à vérifier que les dispositifs avaient tenus (c’est-à-dire voir si personne ne les avait détruits en vrai), afin qu’ils puissent abriter les populations du printemps prochain.

Et ô victoire : les murets n’ont pas été abattus ! Y aurait-il de l’espoir dans ce monde de brutes ?

Couple de tritons alpestres : petit mâle et grande femelle !


Les couleurs étincelantes du triton alpestre mâle

La reproduction des tritons :
Au printemps, les tritons quittent leur retraite hivernale pour rejoindre une mare à leur convenance. Pour cela, ils détectent les plans d'eau à distance grâce à l'odorat et doivent sûrement mémoriser leurs localisations d'une année sur l'autre.
Ils muent et perdent leur peau rugueuse et terne (phase terrestre) pour une peau lisse plus colorée qui permet une respiration partielle dans l'eau (phase aquatique). Les mâles acquièrent des couleurs encore plus visibles et une petite crête le long du corps.
L’accouplement dure plusieurs semaines. La femelle fécondée se met alors à pondre ses œufs un à un dans la végétation aquatique. Elle pond chaque œuf (transparent et d'un diamètre d'environ 2 mm) sur une feuille de plante aquatique ou tout autre support végétal inondé (feuille morte, herbe). L'œuf étant collant, elle replie le végétal autour de celui-ci avec ses pattes arrière et lui confectionne ainsi une espèce de petit écrin où il sera caché des prédateurs.



La reproduction des salamandres :
Le printemps correspond pour les salamandres à la période de ponte. Elles fréquentent ainsi les bords des ruisseaux et des flaques d'eau.
L'automne correspond à la période de recherche des partenaires en vue de l'accouplement qui aura lieu entre septembre et mai selon les régions.
Les salamandres sont ovovivipares.
Les femelles déposent leurs larves dans les ruisselets forestiers. Au nombre de trente à quarante par femelle, elles nagent immédiatement et sont pourvues de branchies externes. On les distingue des larves de tritons par la présence de tâches jaunes à la base des pattes. C'est à 4-6 mois qu'elles quitteront le milieu aquatique pour devenir terrestres.